
La couverture et le dossier principal de ce mois concernent le concours d’architecture que nous avons organisé pour le compte du groupement de promoteurs immobiliers Chaimaa Prestige et KLK Khayatey Living. Il s’agit de la Maison de l’Architecture à Tanger : le MAAT.
Ce concours, comme bien d’autres qu’Archimedia a organisé, ne passera pas inaperçu. Il marquera l’histoire de l’architecture de notre pays car il induit une tendance irréversible du changement des mentalités des investisseurs et, en l’occurrence, des promoteurs immobiliers nationaux.
Nul ne peut ignorer le drame urbain que nous vivons et l’horrible spectacle donné par nos villes qui s’étendent sauvagement à perte de vue. Leurs centres-villes historiques continuent d’être défigurés et leurs périphéries connaissent une tragédie innommable.
Au début du siècle passé, 5% de la population marocaine vivait dans des médinas ancestrales dotées d’une architecture vernaculaire organique extraordinairement adaptée au mode de vie des Marocains. Ensuite, le protectorat est venu adosser à ces tissus urbains anciens les nouvelles villes coloniales en faisant appel aux meilleurs architectes français de l’époque. Cela a donné lieu à une production qualitative dont on se targue aujourd’hui. Le Maroc qui a reçu cet héritage après l’indépendance, n’a pas encore fini d’en savourer les avantages.
Dans les prochaines années, grâce à ce patrimoine architectural de haute facture, le tourisme urbain devrait connaître un vif essor. Avec les initiatives issues de la sphère privée associative comme Casamémoire et, récemment, Rabat Mémoire, ce tourisme culturel va prendre une ampleur à même d’équilibrer les flux touristiques. Nous continuerons toujours à remplir nos belles côtes de visiteurs qui viendront faire bronzette à moindre coût, mais dynamiserons encore plus l’activité économique de nos villes par les bénéfices directs et indirects induits par ce tourisme à forte valeur ajoutée : shopping, restauration, évènementiels… tireront un large profit de cette manne non providentielle. Car la ville se construit et se réfléchit et l’architecture y joue le rôle central.
Or, négligée depuis plus de 50 ans ; la réflexion architecturale est primordiale dans ce processus lent mais, cependant, vertueux. De nouveaux promoteurs immobiliers, souvent des institutionnels, sont de plus en plus conscients du rôle que vont jouer l’architecture et l’urbanisme dans la réussite de leurs projets. Ainsi en est-il de nombreux projets comme l’aménagement de la vallée du Bouregreg, la marina de Tanger ou celle de Casablanca et de la ville nouvelle de Zenata.
Mais, ce tableau qui se peint sous nos yeux serait incomplet si les promoteurs immobiliers privés n’engrangent pas le pas à ces institutionnels en participant, d’une manière plus active et diligente, à la construction de la ville de demain car celle d’aujourd’hui, est, malheureusement, déjà obérée par le laisser-aller d’une administration territoriale coupable d’urbanicide.
Dans cette optique, il faut considérer la démarche des promoteurs immobiliers Chaimaa Prestige et KLK Khayatey Living comme une première tentative de promoteurs immobiliers privés de s’engager dans une réelle dynamique urbaine à forte valeur ajoutée. En investissant à fonds perdus dans la construction d’une Maison de l’Architecture à Tanger, ils offrent à la ville un nouveau repère urbain et génèrent une nouvelle décentralisation en procédant à une forte opération de marketing territorial à connotation culturelle. Ainsi, la valorisation de leurs projets et ceux alentours est assurée et tout le quartier de Malabata Hills s’en trouvera bonifié.
Faisons le voeu que la promotion immobilière privée, qui a pris de bonnes initiatives en matière de développement durable, emboîte le pas à cette démarche unique sous nos cieux.
Fouad Akalay